Halftriman des Monts de Guéret (01/07/2018)

Voilà un moment que je le dis, ce Triathlon ne devrait pas être trop difficile sauf si la chaleur vient et si la combinaison de natation n’est pas pas autorisée. En ce début du mois de juillet 2018, la météo annonce de fortes chaleurs dans le centre de la France, ça commence mal …
La vérité nous saute aux oreilles ce samedi 30 juin, avec Alain nous arrivons sur l’étang de Courtille à Guéret pour récupérer nos dossards. Le speaker annonce bien distinctement que pour le triathlon des minimes, les combinaisons sont interdites! Avec la chaleur qui nous attend cette nuit et demain, peu de chance de voir la combinaison autorisée demain matin. La Fédération Française de Triathlon interdit la combinaison au dessus de 24°C, bref cela commence mal pour ce triathlon L de Guéret, une de mes 3 courses de cette années 2018.

Lac de Courtille (Guéret) vers 8h30

Avec Alain et sa femme Patricia, nous partons avec tout notre matériel à bicyclette de notre hôtel, pour aller sur la zone de départ. Oui je dis bien, tout notre matos, car il faut pas mal de matériel pour le triathlon: la combinaison de natation, les lunettes, le bonnet officiel, les chaussures de vélo, les chaussures de running, les gels, les gourdes, ne pas oublier le stickers pour le vélo, le casque, les lunettes et surtout une casquette pour la course à pied car il va faire très chaud. On part donc chargés comme des mulets vers le lac de Courtille.

Arrivés au départ, le speaker prend la parole et nous annonce que … la combinaison est autorisée et que la température est descendu à 22°C cette nuit. Je me dis « YES », je vais pouvoir passer la première étape sans trop de soucis. La combinaison apporte une flottaison non négligeable et permet de nager un peu plus vite; moi petit nageur qui ne savait pas nager le crawl il y a 6 mois, me voilà rassuré et certain de finir ce triathlon dans les temps. Les barrières horaires me semblent assez larges:

  • 1H pour faire 1.9km de natation
  • 4h pour faire les 90km de vélo, ou 5H depuis le départ
  • 2h30 pour faire les 21.1km de course à pied, ou 7h30 en tout.

Seul hic, la chaleur qui risque de passer au dessus des 35°C d’après Météo France, ça va chauffer dans la Creuse. La natation devrait bien se passer, avec ma précédente expérience du Triathlon du Chemin des Dames, je devrais passer dans les 1H sans problème. Pour le vélo, également une moyenne de 22,5 km/h avec un dénivelé d’un peu plus de 1000m, cela devrait passer. Et 2h30 pour faire un semi marathon, là aussi je suis assez confiant.

Zone de Départ

J’installe tout le matériel, je pose mon vélo, j’en vois certains qui commencent à réparer leur vélo, je pense que ce n’est pas vraiment le moment. Le speaker demande au micro si quelqu’un à une selle de rechange, un concurrent vient de casser la sienne … c’est un peu le problème du vélo, ça finit toujours par se dérégler … et je vais vite l’apprendre à mes dépends.

img_0344
Mon Cannondale Alu dans le parc

Tout comme des superhéros, nous enfilons nos combinaisons (de natation), moins rapidement et avec moins de pouvoirs. On attend sagement le top départ, nous sommes environ 250 au départ et cela sera moins la bataille, pas d’orgie de batraciens comme lors de mon premier Triathlon à Chamouille.

img_0346
Alain et moi avant le départ, on est confiants

Départ de la natation 1900m

Le départ est donné, je crois partir devant Alain, enfin il me semble, l’eau est chaude et le challenge immense. J’essaie de pointer la première bouée pour éviter de faire des zigzags comme la première fois. Je me sens assez bien, pas de bousculade enfin pas trop, je pousse le nageur devant moi une fois ou deux.
Au bout de 200m, la panique … je ne sais pas trop, un coup de stress ou d’autre chose. Je ne panique pas, je souffle un peu plus fort, je respire à fond un peu comme dans les exercices de plongées lors d’ un « essoufflement ». Après 200m cela va mieux, l’instant de panique est passé, mais bizarre ce coups de stress juste après le départ, je n’ai pas d’explication.

Première bouée, je tourne, je continue, je me sens assez bien, j’essaie toujours d’être le plus fluide et glissant possible, même si je ne suis pas un grand nageur, j’amplifie mon mouvement pour éviter de me fatiguer. Les hectomètres passent sans encombres, quelques batraciens en combinaisons tentent la « brasse » au milieu des crawlers, ces nageurs m’ennuient plus qu’autre chose, ils prennent vraiment beaucoup de place.

J’arrive à mi-parcours, je marche, je monte sur la plage et me dirige vers la gauche pour le passage à l’Australienne: 100m à marcher sur le sable pour partir pour un deuxième « round ». Je ne cours pas comme tous les autres concurrents, je marche et repars en crawl, je m’aperçois que je rattrape vite les triathlètes qui m’avaient doublé au passage à l’Australienne et c’est reparti pour un tour.

Une puis 2 puis 3 bouées, si je me rappelle bien, au dernier virage je me retrouve avec les derniers nageurs … à non il y a encore quelques nageurs sur la longue ligne droite. Nous sommes 3 ou 4 à se tenir sur quelques mètres, ça y est le calvaire du triathlon prend fin, plus que quelques mètres … je monte sur la plage, enfin plus de natation.

img_0352
Sortie de la nage 1900m en 44m30s (env)

Patricia, nous attend (Alain et moi) et arrive à me reconnaitre avec ma combinaison noire et mon bonnet jaune, tenue identique poures 250 participants et prend cette belle photo de ma sortie de la nage. Merci Patricia.

Vélo, 90 km dans l’enfer Creusois

Cette fois-ci j’enlève tranquillement ma montre, ma combinaison, mon bonnet et mes lunettes de natation. J’enfile mes chaussures de vélo, mon casque, mes lunettes et je pars pour les 90 km dans la brousse Creusoise. En sortant du parc à vélo, là non plus je ne cours pas, la course va être longue et chaude, je regarde dans le parc à vélo, le vélo d’Alain est encore dans son boxe, il n’est surement pas loin derrière en train de faire barboter dans le lac de Courtille.

Il y a beaucoup de monde pour le départ, je suis surpris par tout ce monde et les encouragements. Le départ est une longue ligne droite de 1km qui descend un peu et ensuite remonte. Je prends mon temps je croise quelques cyclistes qui me doublent … ou que je double et je m’enfonce dans la campagne.

Les feux de l’Enfer sont bien là, on va cuire comme dans une cocotte minute, la météo à prévue des températures caniculaires. Pour le moment à vélo et avec une combinaison encore bien mouillée, tout va bien, je me sens au frais. Mais après quelques kilomètres, et comme j’ai dû boire la moitié du lac en nageant, je m’arrête sur le bord de la route pour soulager ma vessie. Je me fais doubler par une triathlète et je repars. Il n’y a pas grand monde, vraiment pas grand monde, le reste de la course va-t-elle être aussi solitaire? Il semble que oui, devant ou derrière moi, pas grand monde, le désert Creusois. Je passe, enfin nous passons par des noms de village presque improbables: Les Cantines, La Bonne idée, Luchat, La Grande et la Petite Neuville. Oserais-je dire que c’est vraiment paumé ? OUI!!!
Pour le premier tour je fais attention de ne pas monter trop fort, je regarde mes fréquences cardiaques, tout semble bien aller: 132 pulsation/minute de moyenne, ça va malgré la chaleur.

A la fin du deuxième tour on repasse au point de départ après une extension sur la boucle, pendant un moment j’ai peur de m’être trompé de parcours, il y a beaucoup de bénévoles pour nous indiquer le chemin, mais j’ai peur que vu mon classement ils croient que je suis dans les premiers du triathlon M, parti après nous. En fait non, il faut bien revenir au début proche du parc à vélo et repartir. En repartant je croise Alain qui arrive et fini lui aussi son 1er tour, je dois avoir 2 ou 3 km d’avance sur lui, il a bien avancé, lui qui dit toujours qu’il n’aime pas le vélo.

Après 3 ou 4 kilomètres dans ce 2e tour, je continue mon parcours sans trop me fatiguer, le parcours est un peu vallonné et suivant le parcours je monte et je descend les vitesses du pignon de mon dérailleur arrière et de mon grand plateau à l’avant … tiens bizarre quand je passe sur le grand plateau (52 dents), j’ai l’impression que je pédale dans la semoule … ou plutôt que je pédale dans le vide. Ah rien de grave, je rebascule la cocotte du dérailleur avant et repasse sur le grand plateau … enfin ça devrait, je repousse … rien. Encore et encore … rien, je suis coincé sur le petit plateau (36 dents). Je viens de perdre un morceau de mon vélo, plus de grand plateau, fini les vitesses de 35-38km/h en ligne droite, je me traine à 29-30km/h en moulinant comme un Bobo sur son vélo d’appartement. Bizarre, il me semble avoir entendu tomber un morceau de métal il y a quelques minutes. Serait-ce un morceau de mon dérailleur qui vient de tomber …
Moi qui ne fait jamais entretenir mon vélo, voilà qu’après 3000 km il me lâche, à vouloir gagner quelques euros, me voici coincé en 3ème sur l’autoroute alors que tous les autres sont en 6ème. Bon vu le trafic sur cette autoroute Creusoise je ne risque pas l’accident, mais ma moyenne risque d’en prendre un sacrè coup.

Comme un petit malheur n’arrive jamais seul, la selle de vélo commence à me faire souffrir, j’ai eu beau changer ma selle, j’ai toujours des douleurs au bout d’un moment. Il faut que je trouve LA bonne selle.
Me voilà depuis 2 heures sur le vélo et après 50-55km de vélo j’ai perdu un grand plateau et j’ai des douleurs au postérieur.

La chaleur est bien là, mais pas trop prenante, par contre vers les 60e km, les choses se gâtent encore plus. Cela m’était arrivé une fois en faisant un 100km à vélo autour de chez moi: je commence vraiment à avoir mal aux pieds, bien sûr aux deux et au même endroit. Pour être précis, j’ai mal sur la partie qui appuie sur la pédale juste en dessous des doigts de pieds. Petit à petit la douleur devient infernale, comme si des lames de couteaux me rentrent dans les pieds, mais je dois continuer à appuyer, juste là ou cela fait mal.
Je cherche une position plus confortable pour ne pas avoir mal, la douleur est très irrégulière, ça vient, ça va, ça disparait et cela revient. Cette course devient un véritable calvaire, pas pour la chaleur mais pour la douleur. Mes moments de répits sont les descentes … enfin pour les pieds, la selle est toujours là, enfin surtout la douleur.

Heureusement je n’ai pas trop l’impression de souffrir de la chaleur, je vois bien le goudron luisant et suintant par endroit, mais je ne me sens pas trop mal. Les douleurs aux pieds, sur la selle sont parfois à la limite du supportable, mais je me sens terriblement seul, personne pas un chat 200m devant ou 200m derrière. Suis-je le dernier? Suis-je perdu? Suis-je encore en course? aucune idée? Enfin si les merveilleux bénévoles sont bien là pour me dire qu’il se passe quelques chose, surement un triathlon mais je me sens terriblement seul à mouliner sur mon vélo.

Sur la fin du deuxième tour, je me fais doubler par 2 cyclistes, pour finir je ne suis pas seul. Je n’essaie même pas de les suivre, il reste 21km et mes pieds me font toujours souffrir, donc Sylvain reste modeste et essaie juste de finir.

Arrivée sur la grande ligne droite du départ, mais en sens inverse, il n’y a personne, presque personne, bien sur les bénévoles, mais je les sens un peu fatigués à attendre les maillots rouges du peloton (les derniers) sous un chaleur infernale.

Ça y est, je quitte mon vélo et mes douleurs aux pieds, surtout aux pieds, comme des fourmis, je vais pouvoir me dégourdir les pieds au sens propre.

Course à Pied 4h40 de course (nat + vélo)

Je quitte mon vélo, je prends ma casquette, mes chaussures de running (soyons fétichiste ou superstitieux, mes chaussures des 100km de Millau) et je pars. Mes sensations sont plutôt bonnes, les jambes aussi. Je passe un jet brumisateur qui me rafraichit et cela fait vraiment du bien. Il fait 33°C à l’ombre et il n’y a pas beaucoup d’ombre sur le début du parcours, les bénévoles sont aux petits soins avec nous dans cette partie running.
Et me voilà parti pour 4 tours de 5km autour du lac Courtille, pour finir le semi-marathon … du point de vu du temps, il me semble que je suis bien, d’après mes estimations je devrais le faire en 2h30-2h40.

J’avais bien remarqué une grosse bosse dans le parcours (sur le site openrunner.com), mais il semble qu’il y ait une deuxième dans ce tour autour du lac. En tout il y a  66m de dénivelé positif par tour, c’est bien ce que je vois en courant, mais sur 3 bosses sur des chemins plutôt que sur du goudron. Bon ça devrait le faire de toute façon.

1er tour

Le premier tour est bouclé en 39 min environ .. je ne calcule pas mon temps, mais les jambes vont bien et je me sens bien. J’ai aidé un coureur dans son dernier tour qui était torturé de crampes, il a lourdement chuté dans la partie descendante, je l’ai aidé comme j’ai pu pour le remettre sur pied avec un autre coureur.

2eme tour

Je crois qu’au deuxième tour mon pote Alain me double, il est bien et semble bien en forme. Moi je commence à tirer la langue à cause de la chaleur et la fatigue est bien là. Mais je suis confiant, je m’amuse avec quelques bénévoles qui pensent que j’en suis à mon dernier tour. Non il m’en reste 2 … et ça va être dur.

Au passage à la fin du 2e tour je fais mes calculs … je refais mes calculs …  je vais être hors délai. Bon refaisons les calculs, il me reste 2 tours, cela fait 6 heures que j’ai commencé ce triathlon … le deuxième tour est bouclé en 42 min … si je ralenti encore je suis mort et je suis hors délai.

La solution est simple: il faut accélérer

Facile à dire devant mon ordinateur, mais faisons l’état des lieux: la vitesse chute dangereusement, la chaleur est écrasante et j’ai un gros warning sur mon tableau de bord qui clignote depuis un long moment: Mon voyant de batterie est au plus bas, je n’ai plus de jus, plus rien, je suis naze, crevé, HS, à l’ouest, mais il faut continuer. Vaille que vaille, je peux finir, mais dans les temps cela sera impossible, à moins de remonter le temps.

img_0374
Passage du 2 ou 3e tour en CAP, on sent la fatigue

3e tour

C’est le crépuscule, le crépuscule de ma course, les jambes sont là, enfin ce qu’il en reste, mais je cours, je marche, je cours, et je boucle le 3e tour en 49 min. C’est la CATA totale, les montées bien raides du bord du lac ressemble à la montée du col de la Faucille. Le voyant de batterie de mon tableau de bord ne s’éclaire même plus, je risque la panne sèche. Je sais que je finirai, mais tout le monde dormira c’est sûr. Au passage du 3e tour, le speaker ou l’un des organisateurs s’approche de moi et me dit très diplomatiquement :

  • Lui: « tu ne seras pas classé, tu es hors délai »
  • Moi: oui je sais (la mort dans l’âme)
  • Lui: tu veux finir
  • Moi: oui (la rage au ventre)
  • Lui: ok pas de souci vas-y …

Je repars motivé comme jamais, tant pis je ne serai pas classé mais je finirai « NA »! Je n’abandonnerai pas.
Cela fait un moment que je vois Alain devant moi au bord du lac, il est droit comme un « I », il court il court, il est bien, il finira.

Je continue, je continue, je n’abandonnerai pas, non, pas d’abandon, NON, NIET, NADA
Mais je commence à réfléchir, intérieurement je me disais peut-être que les organisateurs repousseraient un peu les barrières horaires à cause de la chaleur et avec 10-15 min de plus je pourrai finir, je viens de passer le 3eme tour vers 6h53m de course, ça devrait aller. Mais depuis la fin du 3ème tour je ne fais que marcher, il ne reste rien, je ne cours plus, je marche, je suis OUT.

Ça y est je bascule, je verse, je tombe du mauvais coté, plus de retour en arrière, la décision est prise 3 lettres résonnent dans ma tête DNF, DNF, DNF: Did Not Finish … J’abandonne, à quoi bon continuer pour rien, pas la peine de se faire mal, ça ne sert à rien, donc si c’est pour être non-classé: BASTA, ultime action de ce triathlon: j’éteins ma montre GPS et je fais marche arrière. Ça y est je suis mort

J’arrive sous l’arche d’arrivée, je donne ma puce bien avant pour ne pas être détecté comme Finisher. Les bénévoles me donnent quand même un T-Shirt de Finisher, promis je vais barrer le mot « Finisher » pour ne pas usurper ce « non-trophée ».

Ensuite j’attends Alain avec impatience qui finira en 7h32 sur les rotules et avec des crampes, il finira en marchant mais il finira !!! Bravo Alain!

Petite Analyse à froid

Mon but était de finir dans les temps, ce ne fut pas vraiment le cas. Mais après avoir de nouveau regardé mon entrainement des 2 derniers mois et en le comparant avec l’entrainement de Jogging International, je vois que je n’ai pas trop suivi ce plan.
En durée et en kilomètres, je l’ai bien suivi, mais je n’ai pas fait assez d’enchainements vélo -> course à pied. Je me sentais bien après le vélo, les jambes étaient bien, mais je n’avais plus vraiment de puissance pour monter les 2 ou 3 bosses du lac de Courtille. Je pense qu’en suivant mieux ce plan et en dédiant plus les dimanches aux enchainements natation-vélo et vélo-course à pied, j’aurai peut-être un peu mieux fini. Mais étant un peu têtu sur les bords, je reviendrai et je finirai un L en 2019 … ou 2020

img_0349
Un peu de frais après la canicule

 

 

1 réflexion sur « Halftriman des Monts de Guéret (01/07/2018) »

Laisser un commentaire