Ma 2e LyonSaintéLyon

L’année dernière, lors de ma première LyonSaintéLyon, dans les premiers kilomètres j’avais discuté avec un coureur qui avait déjà fait l’aller-retour un certain nombres de fois et il m’avait expliqué qu’il avait fini entre 40 et 50% de ses LyonSaintéLyon, ce chiffre m’avait marqué. En avril dernier je me suis inscrit à cette 2e LSTL aussi pour cela, pour voir si en 2021 j’étais arrivé grâce à cet hypothétique quota de 50% de finisheurs. Et cette année est-ce qu’une deuxième LyonSaintéLyon allait s’offrir à moi de nouveau ?

Entrainement

Un petit mot sur mon entrainement pour cette 2e LyonSaintéLyon (LSTL), cela faisait un moment que je voulais tester l’entrainement de mon ami d’enfance Grégo, sa méthode est simple LSD (Long Slow Distance): courir tous les jours 20km et cela jusqu’à une semaine avant l’échéance. J’ai essayé cette méthode sur 14-15km par jour pendant une semaine, j’aurai voulu continuer une deuxième semaine pour arriver fin prêt, mais des petites douleurs aux mollets m’en ont empêché. J’ai quand même pu enchainer un peu plus de 90km la semaine du 14 au 20 novembre 2022. Je restais dans la zone 2 de ma fréquence cardiaque avec une moyenne aux alentour de 125 battements / minute. J’arrive bien mieux entrainé par rapport à l’année dernière et j’espère que cela va se voir quelque part dans les chiffres de cette course.

Lyon

Mon autre pote d’enfance Hervé, est venu me voir il était de passage sur Lyon, mon pote Sébastien du MDS est également de la partie. Sébastien va partir ce soir de Saint-Etienne pour sa première SaintéLyon et surtout son premier trail long. Il y a un peu plus d’un mois il avait dû abandonné lors du Grand Trail des Templiers à cause d’une cheville un peu fragile, celle-ci va mieux et je le sens bien plus confiant qu’aux Templiers.

J’ai du mal à réaliser que je vais partir pour un peu plus de 150km, et je n’ai aucune confiance au fait de finir. Je croise une amie des réseaux sociaux Charlène, on devrait faire la course ensemble. Même si on n’a jamais couru ensemble, on va essayer; mais je la sais plus rapide que moi. Je croise également Casquette Verte qui vient s’installer juste devant Séb, Hervé et moi. Très vite les coureurs s’installent et me voilà dans le sas de départ. Déjà le départ, je ne me sens pas près. J’espère que tout se passera aussi bien que l’année dernière et que je verrai de nouveau cette arche d’arrivée. Il est toujours difficile de refaire une course, on veut toujours faire mieux, aller plus vite et se sentir mieux, j’ai tous mes temps de l’année dernière sur un papier, je suis mieux entrainé donc tout devrait mieux se passer, mais face à ce mur de l’ultra on se sent toujours fébrile et je le suis.

Le gilet Jaune des LyonSaintéLyon

Halle Tony Garnier, départ 9h00, km 0

Le départ se fait assez vite, Charlène discute avec tous ces potes et file bon train, environ 5min/km. Je ne vais pas la suivre longtemps à ce rythme, on passe le pont Raymond Barre, le musée des Confluences et le pont de la Mulatière. Arrivé aux escaliers du Grapillon, je vois Charlène disparaître je ne pourrai pas la suivre à ce rythme, mais de toute façon il est difficile de ne pas courir à son rythme: trop rapidement ou trop lentement, surtout sur un ultra la fatigue s’en ressent vite.

Un petit plus haut je croise mon pote Grégo qui prendra aussi le départ de la SaintéLyon. Il est toujours là, comme l’année dernière lors des mes 2 passages à l’aller et au retour, mais demain pour mon retour il sera dans son train car les braves agents de la SNCF ont décidé de faire une grève surprise juste pendant le week-end de la SaintéLyon.

Je discute avec quelques coureurs un peu plus âgés que moi et dont certains ont un joli palmarès: la Diagonale des fous. Je suis assez étonné que des coureurs aussi rapides que moi (donc plutôt lents) aient pu finir « la Diag », un coureur me dit que c’est jouable passé un certain ravito, les barrières horaires deviennent plus larges … un jour peut-être je regarderai cela de plus près.

Je continue entre route et sentiers, la météo n’est pas aussi exceptionnelle que l’année dernière mais pas de pluie, juste un ciel très nuageux et plutôt bas. Les jambes vont bien, je passe la ville de Chaponost qui sera le dernier ravitaillement du retour. Quelques badauds étonnés nous demandent si on est pas en avance et dans le mauvais sens, je leur réponds que nous faisons l’aller et le retour soit 2x78km. A leur tête, j’en conclue qu’ils ne me croient pas, mais les coureurs qui me suivent vont leur expliquer la même chose, ils finiront bien par comprendre que l’on est fou. Je discute aussi avec d’autres coureurs, dont un journaliste de France Bleu Loire qui a décidé de vivre la course de l’intérieur, on se double plusieurs fois et il finira sa course !!

Soucieu en Jarez, 2h56 de course, km 24km

Ça y est, premier ravitaillement et je commence à psychoter, j’ai 5 minutes de retard par rapport à l’année dernière. Je suis bien, très frais, mais en retard. Mon entrainement m’a-t-il trop fatigué pour expliquer ces 5 min de retard? Je mange un peu je remplis mes flasques et je repars sous un petit crachin. Je ne sais pas comment interprété ce retard, le parcours est quasiment identique et je suis à la bourre, 5 min c’est rien mais je sens que cette LSTL ne va pas être une partie jouée d’avance.

Il y a pas mal de brouillard, on monte sur le signal, puis Saint-André la Côte et on fait la descente du rampeau. Un petit peu après, vers le 40e km, je mange une nouvelle barre que je n’ai jamais gouté auparavant, le gout n’est pas extra, mais je ne me sens pas bien. Je ne finis pas la barre et j’ai plutôt envie de la vomir. Je bois un peu en espérant que cela passe et 2km plus tard je finis tant bien que mal cette barre au gout étrange. Je commence à m’inquiéter: si je ne peux plus manger? Je ne vais pas aller bien loin, même l’arrivée à Saint-Etienne est compromise! Période de doute total, j’ai quelques douleurs aux jambes, c’est tôt dans la course et tout semble mal se passer.

Quelques kilomètres plus loin, je prends une autre barre au gout que je connais mieux :noix de coco-chocolat, ces barres passent bien mieux normalement. Celle-ci ne passe, mais je sens que mon estomac n’est pas trop d’accord. J’arrive tout doucement à Sainte-Catherine, presque le milieu de course de cette LyonSainté.

Sainte-Catherine, 5h51 de course, km 48

J’ai 4 minutes d’avances par rapport à l’année dernière, j’ai un peu repris d’avance, mais la parcours est bien différent, cette année il y a 3 km de plus par rapport à 2021, donc me voilà bien en avance. Étrange quand même, je suis à 4 min près sur les même temps que 2021, je suis un métronome. M. l’Estomac va un peu mieux, cela me rassure. En arrivant au ravito, j’aperçois mon père à l’entrée et ma mère juste derrière. Ça me fait vraiment plaisir de les voir, ils sont toujours là quelque soit la météo. Je me restaure vite, je discute avec eux. Je vois un ou deux coureurs dans le mal total, ils semblent HS et exténués, cela me rassure (égoïstement) sur mon état de forme, mais je les plains d’être dans cet état aussi tôt dans la course, il reste encore 110km. Je repars vite dans le montée de Sainte-Catherine avec un brouillard toujours à couper au couteau.

Je discute avec d’autres coureurs et j’essaie de me rappeler l’endroit ou l’année dernière j’avais mis ma frontale, mais on ne passe pas par les mêmes endroits et ayant prévu le coup en partant de Lyon, ma frontale étant bien coincé dans mon nouveau sac Decathlon, la mettre sur ma casquette ne me fait pas perdre un temps infini comme l’année dernière et me voilà dans la pampa des Mont du Lyonnais bien éclairé filant sur Saint-Christo en Jarez.

Saint Christo en Jarez, 9h23 de course, km 62

Cette ville est un endroit glaciale, comme chaque année le vent et le froid balaient cet endroit. J’arrive avec un couple de coureur. Un peu avant, d’autres coureurs étaient perdus et ne semblaient pas avoir le tracé dans leur montre GPS. Même avec le brouillard je trouve facilement le chemin et je deviens guide de la LSTL pour arriver à Saint Christo.

J’arrive avec 7 minutes d’avance par rapport l’année dernière. Je me repose un peu, je mange et bois un peu au ravito. J’adore les vestes SaintéLyon des bénévoles, d’ailleurs sur la suggestion d’un bénévole (qui fut aussi coureur), il me conseille de faire la course en tant que bénévole, pourquoi pas en 2023 ?? Je repars peu de temps après mon arrivée, dans un froid sibérien, un vent glacial et une brume qui n’incite pas à marcher. Je me perds un peu dans le brouillard, pas facile de repérer le panneaux en sens inverse du parcours SaintéLyon, plusieurs fois je fais quelques demi-tours et je me perds dans cette purée de pois.

Petit à petit me voilà à Valfleury, le retour à la civilisation, puis Saint Jean Bonnefond, la banlieue de Saint-Etienne. Puis j’arrive au panneau Saint-Etienne, l’ambiance est calme il n’y a personne, quelques bénévoles pour nous indiquer le chemin. Je passe le parc de Méons, je continue en marchant en suivant d’autres coureurs, puis au loin ENFIN l’arche de départ … de la SaintéLyon. Donc point d’arrivée de ma LyonSainté. Je me mets à recourir, je vois au loin les silhouettes de mes parents et de mon pote Hervé. Les jambes vont bien, les petites douleurs du 40e km sont passées. Je passe l’arche pour enregistrer mon temps officiel: 12h26 soit 5 min de mieux que l’année dernière, un gain de 0,66%, pas terrible mais l’essentiel est d’être frais et d’être prêt à faire le retour. Par contre les jambes sont au top, je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir couru 78km et je me sens très frais pour repartir: la LyonSainté c’est donc très bien passée !!!

Palais des Exposition Saint-Etienne, 21h30-23h30

J’entre dans le palais des expo de Saint-Etienne parmi tous les futurs coureurs de la SaintéLyon, je croise Mikaela une amie qui va faire sa première SaintéLyon, puis Olivier qui se lève, vient me dire bonjour et me féliciter. Je suis très content de les voir, je vois des regards très interrogateurs me concernant, je suis « un jaune » et je suis repéré comme un surhomme, un fou qui a déjà fait l’aller et qui va tenter le retour. Beaucoup de regards se posent sur moi, certains viennent me parler, me demande la météo sur le parcours et beaucoup me félicitent du regard ou de vive voix. C’est assez grisant je l’avoue. Je cherche mon pote Séb, je le trouve proche de l’endroit dédié aux jaunes de la LSTL, ça me fait très plaisir de le voir. Je m’éclipse un moment pour manger un peu, me reposer, recharger mon téléphone et ma montre GPS.
On discute pas mal avec Hervé et mes parents, après leur départ je me retrouve seul proche du départ pour les coureurs de la LSTL. Un coureur de la STL vient me demander de le prendre en photo, dès qu’il voit mon dossard jaune de la LSTL, il me demande pardon et veut me laisser tranquille. Il vient de réaliser que je fais partie de ceux qui font l’aller-retours. Je lui montre que mes jambes sont au top et je prends la photo avec plaisir. Vers 23h15, je me dirige sur le départ de la SaintéLyon, je sais que la nuit va être difficile et qu’il va falloir être costaud pour finir, costaud dans la tête car ce parcours je commence à le connaitre cela fera ma 7e SaintéLyon.

Photo de Mikaela à mon arrivée à Saint-Etienne après 78km

Saint-Etienne, 23h30-23h45, km 78

Je me ré-installe dans le sas des élites et celui de la LyonSaintéLyon, je me fraie un chemin en enjambant une barrière de sécurité, les jambes ne vont pas si mal que cela. Je suis entouré d’autres coureurs de la LyonSaintéLyon, tout plein de gilets jaunes prêts à en découdre et finir les 78km restant et faire le retour. On attend un peu plus longtemps que prévu: 2 voitures bouchent le passage sur le parcours, les organisateurs mettront 15 minutes pour dégager le passage pour ces 7000 coureurs près à en découdre. Le moral est bon et je sais que le premier sas va partir très vite, il faudra vite que je me planque sur la gauche ou sur la droite pour laisser les élites partir (15km/h) voire plus. Pour ma part je vais plafonner à 9km/h en vitesse de pointe.

Tout comme l’année dernière dans les premiers km beaucoup de coureurs viennent me/nous féliciter, nous les: aller-retours, les gilets-jaunes ou les LyonSaintéLyon. Tous ces encouragements font vraiment chaud au cœur, par contre je me fais aussi bousculer dans les 10 premiers km par d’autres coureurs très rapides qui veulent passer coute que coute. Je croise rapidement Victor, Stéphane, Matthieu et Mikaela (amis du club « Cop’Ain de Trail » du Pays de Gex) qui me doublent, ils m’ont vite trouvé grâce à ma casquette rouge, ma veste bleue et ma chasuble jaune. Jusqu’à Valfleury le moral est pas trop mal, mais dans la montée après Sorbiers la tête commence à lâcher. Je cours, un peu, je marche aussi. En retournant dans cette montée je vois une horde de frontale: c’est magnifique, toute cette horde de frontale va me doubler, je ne suis pas à l’agonie mais c’est de plus en plus difficile dans la tête, voir tous ces futurs coureurs qui vont beintôt me dépasser me fait rentrer en mode « maiskeskejefoula ». Dans cette montée je m’arrête sur la droite, quelqu’un m’attrape par l’épaule. C’est Sébastien qui me double et me suit sur quelques centaines de mètres. Il est frais le bougre et en pleine forme, je lui dis de parti, je vais être une vraie tortue sur les 65km restant, je crois qu’il ne me voit pas au mieux, il me fait une bise et s’en va, sa bise m’a fait un bien fou. J’ai continué jusqu’à la Sibérie des Monts du Lyonnais: Saint-Christo en Jarez.

Saint-Christo en Jarez, km 98, 15h27 de course

Presque un 100km, il est 3h du matin, il fait froid et c’est vraiment la cohue dans ce ravito. Je traine un peu comme un zombie, je mange, je bois et je repars. Plus trop de souvenir de ce passage, le cerveau a dû dormir aussi. Un peu plus loin je me réchauffe près du brasero dans la pampa, 7 ans que je fais la course à chaque fois des bénévoles sont là avec un énorme feu pour nous réchauffer et pour faire de la pub pour la course « Courir pour des pommes » ou quelque chose comme cela. Je m’arrête un peu, je n’ai pas très chaud, et cela fait du bien.

En arrivant sur Sainte-Catherine, je croise plusieurs fois un autre gilet-jaune, il semble ne plus tenir debout et me demande quand se trouve le point le plus haut de la course. Il n’en peut plus, il a trop sommeil. Je lui remonte le moral en lui disant que le sommet est un peu après Saint-Catherine, la fameuse montée du Rampeau. Je lui dit qu’après c’est plutôt descendant et que tout ira bien.

Sainte-Catherine, km 110, 19h14 de course

Il est presque 6h du matin, le soleil va mettre encore 2h pour venir et nous réchauffer. Je suis plutôt bien, les jambes sont vraiment au top depuis environ 10km, rien à redire des jambes sont solides. Mais la tête n’est toujours pas au mieux, j’ai remonté le moral d’un autre coureur, mais je commence vraiment à plonger. La tête ne suit plus du tout, je suis au fond du trou. Je ne m’arrête pas longtemps et je pars affronter cette fameuse montée du Rampeau d’ici quelques km, je sais qu’elle va être courte en distance mais très longue en temps.

C’est ici le début de cette maudite, montée ? Non pas encore, je continue toujours dans la nuit, mais ou est-elle ? Petit à petit j’arrive au pied de cet Everest et il fait encore nuit. Je fais les premier mètres et je commence mon premier arrêt, je regarde au dessus de moi je crois voir un fantôme … une sorte de fantôme de lumières colorées qui se dandine un peu au dessus de moi. Je me fais doubler, je continue, ma marche sur cette rampe interminable. Je monte, je marche et je m’arrête pour reprendre mon souffle. Ce maudit fantôme continue à me narguer un peu au dessus. Je vois au dessus ce qui ressemble à des murs d’habitations, étrange je n’ai pas vu d’habitation près du Rampeau hier à l’aller. Je continue de monter, les murs semblent se déplacer avec moi et ce maudit fantôme également. Le jour se lève de plus en plus mais est-ce que je ne suis pas en train d’halluciner? La fin du Rampeau approche, les murs d’habitations étaient des hallucinations dues aux premiers rayons de lumière du jour … mais ce fantôme où est-il ?

Me voilà de nouveau à Saint-André la côte au pied de la grande antenne, en redescendant sur le chemin j’aperçois de nouveau mon fantôme, bien accroché au sac de trail d’un autre coureur. C’était une guirlande lumineuse sur son sac, c’est sûr on le voit de loin ce fantôme-guirlande. Mais dans la montée du rampeau je le voyais se dandiner comme un fantôme qui se baladait et me narguait 30-40m au dessus de moi. Je ne suis pas fou, j’ai juste halluciné.

Avec le jour, les chemins me rappellent la veille, les mêmes endroits dans l’autre sens, Le Camp-Saint-Genou en approche, chemin différent de jour par rapport à l’année dernière. Je regarde mes temps par rapport à l’année dernière, il me semble que je suis limite dans les mêmes temps. Cela me frustre énormément, la tête est toujours dans le dur, j’ai envie d’arrêter depuis Sainte-Catherine je n’arrive pas vraiment à accélérer par rapport à l’année dernière, le moral est au plus bas.

Saint-Genou, km 123, 21h41

J’arrive en forme au ravito, toujours difficile dans la tête, je me restaure et je m’installe sur une pierre bien assis pour voir les messages de mes supporters et pour me remonter le moral. Il est 9h du matin, tout mes supporters sont au top, Victor, Stéphane et Matthieu de Cop’Ain de Trail ne sont pas encore arrivés et il semble que leur course soit un peu plus difficile que prévue … ah oui c’est une SaintéLyon! Je n’en ai pas vraiment un souvenir très marqué, mais il y a pas mal de boue sur cette SaintéLyon 2022, de toute façon la boue est toujours au programme mais rien à voir avec la version 2019 … je ne trouve pas cette SaintéLyon très boueuse ni très difficile, 2019 restera dans ma mémoire la plus difficile et de loin.

Je repars dans la petite montée sur la gauche, la tête toujours dans le dur, une envie d’arrêter de finir, mais pas encore décidé d’abandonner, maintenant je rentre dans le plus dur avant Soucieu. Plus ça va, plus le cerveau dicte sa vision des choses: les jambes sont au top, pas trop de douleur, mais le moral s’en va. L’envie de quitter la course me prend, j’en ai marre, plusieurs fois je me dis que je vais sûrement abandonner. Les 20 derniers km je les connais par cœur, j’ai fait la SaintExpress, la SaintéSprint, 5 SaintéLyon et j’en suis à ma 2e LSTL. Je connais les 20 derniers km du parcours. Imaginer refaire une 9e fois ces 20 derniers km me fait horreur, la nausée, je n’en peux plus. Je n’ai pas pris la décision d’arrêter mais quel supplice de me dire que je vais de nouveau faire Soucieu-Chaponost-Lyon. Le cerveau me dit d’arrêter à Soucieu pour ne ne plus jamais refaire cette course, même si les jambes vont bien, pour me rappeler plus tard dans quel état j’étais, mais je résiste.

Soucieu en Jarrest, km 134, 23h50 de course

J’arrive, je cours encore les jambes sont vraiment bien, l’année dernière les jambes ont coincé à partir de ce moment à Soucieu. Dans la gymnase de Soucieu une bénévole me tend une compote de pomme, compote uniquement pour les coureurs de la LyonSaintéLyon me dit-elle. Ça me réchauffe le cœur de voir que l’on a quelques avantages après presque 24h de course et plus de 130km. Je fais remarquer à un bénévole que les barrières horaires auraient dû être décalées suite au retard de 15 minutes du départ. Pour les coureurs de la SaintéLyon je crois qu’ils ont compensé en faisant partir les vagues plus rapidement, mais pour nous les gilets jaunes, 15 minutes de moins quand on est limite des barrières horaires c’est un joli luxe.

Partir ou rester, choix des aventuriers, mais quelle aventure cette LyonSaintLyon, je ne sais pas ce qui va me pousser à repartir, la tête coince, je n’ai vraiment pas envie de repartir, je n’ai pas pris la décision d’abandonner, je lis mes messages sur WhatsApp. Mon pote Nicolas du Marathon des Sables, me donne une information intéressante: « Sylvain tu fais un top 200, c’est top », il me dit que je suis 198 (de mémoire), mon sang ne fait qu’un tour, mon cerveau analyse, calcule et décide enfin: l’année dernière j’étais 240 à la fin. Je viens de gagner 40 places … je suis un warrior, je repars remonté à bloc pour finir ces 20 petits km.

Après 24H de courses et 130 km, je peux vous le dire, le cerveau vous raconte des âneries, je ne sais pas d’où sort ce chiffre de 240 au classement en 2021. En fait 300m après être parti du ravito de Soucieu, je réalise que l’année dernière nous étions environ 300 partant, si on compte 1/3 d’abandon … on est dans les 200 arrivants … donc je suis bien à ma place, ni plus ni moins. Mais la petite phrase de mon pote Nico m’a permis de repartir de ce trou dans lequel j’étais à Soucieu. Je garde mon élan et je n’ai pas abandonner, merci Nico, mais quels supplices ces 20 derniers km.

Les jambes sont encore bonnes, alors elles vont faire tout ce qu’elles peuvent pour avancer encore et encore, dès que je le peux: je cours. Je double les coureurs de la SaintéLyon tant que je peux, au détour d’une ruelle un petit encouragement « Ah bravo les Aller/Retours » me fait chialer, les jambes toujours au top mais la tête n’en peut plus.

Chaponost, km 145, 25h50 de course

Ça sent la fin, de course et des coureurs, il n’y a presque plus rien à manger au ravito, il y a quelques coureurs je m’arrête aussi. Je regarde mes messages et je m’assied un peu pour me reprendre. Tout les pote de Cop’Ain de Trail sont arrivés, je dis que je suis encore en course. Je repars en pensant déjà à tout le parcours que je vais voir, le Garon, les sapins, les aqueducs, les accrobranches, les escaliers du Grapillon … les ponts et l’arrivée. Je ne suis pas devin mais il faudra tout passer, un peu dans la boue un peu dans le froid.

Alors je me lance, les jambes toujours pas trop mal, l’entrainement de Grégo 14-15 km enchainés tous les jours quelques semaines avant la course ont vraiment bien aidé pour cet ultra. Je double encore et encore, je doublerais 7 coureurs de la LyonSaintéLyon sur le dernier tronçon. La montée des Aqueducs, je passe, je sais que cela ne dure pas longtemps, ensuite la remontée sur l’école et ensuite la descente des escaliers du Grapillon, je double avec fierté pas mal de coureurs de la SaintéLyon dans les escaliers, la fin est proche. Je continue à pousser tant que je peux, je cours je m’en fiche, je veux finir ce calvaire. Je passe le pont Raymond Barre, je me retrouve proche de la Halle Tony Garnier et je continue de courir, je veux finir.

Lyon, km 156, 28h25 de course

J’arrive au bout de 28h 25m, j’ai gagné à peu près 15 minutes par rapport à l’année dernière, une paille. Pourtant j’ai l’impression d’avoir pousser tout ce que je pouvais sur les 20 dernier km. Mes parents sont à l’arrivée comme lors des 8 dernières éditions. Mais que ce fut difficile de faire les derniers km quand la tête ne voulait plus.

C’est avec un immense plaisir que je croise Sébastien qui était encore là juste avant de repartir dans sa région parisienne. Cela m’a vraiment fait plaisir de le revoir.

Photo prise par Seb après mon arrivée

Autant lors de ma première SaintéLyon, celle-ci fût difficile dans les jambes et le physique avait un peu lâché proche de Sainte-Catherine, autant cette année la préparation était bien meilleure, mais la tête a voulu abandonner au retour: du 10e km jusqu’à la fin. Difficile de repartir de Soucieu et Chaponost alors que le physique allait bien. La devise: la médaille ou l’hôpital ne m’a jamais aussi bien porté: tant que tu peux courir tu n’abandonnes pas.

Un grand merci à l’organisation et aux bénévoles qui ont encore été au top malgré le froid le vent et le brouillard. Un grand merci à tous mes supporters sur WhatApp, ceux sur la route et aux autres coureurs rencontrés

La médaille avec Seb